Le burn-out 1

Le burn-out est défini comme un état d’esprit négatif persistant lié au travail, chez des individus « normaux », qui est caractérisé par de l’épuisement, un sentiment d’inefficacité, une démotivation et des comportements dysfonctionnels au travail.

Elément

Cet état d’esprit n’est le plus souvent pas remarqué pendant longtemps par le·la travailleur·euse, pour cause de déni. Le burn-out résulte d’une différence entre les intentions et la réalité du travail. Les intentions sont porteuses d’un « idéal », d’attentes qui ne correspondent pas à la réalité quotidienne. Celui·elle qui « fait » un burn-out n’est pas une personne « faible », contrairement à ce que l’on voudrait parfois faire croire.

Le burn-out est différent du stress : ce dernier se réfère au processus d’adaptation temporaire, alors que le burn-out correspond à la rupture de l’adaptation, à l’épuisement.

Un test d’inventaire de burn-out de Maslash peut vous aider à vous positionner par rapport au risque de burn-out.

Depuis quelques années, on parle également de bore-out : l’épuisement professionnel par l’ennui. Dans ce cas, la personne n’éprouve pas une surcharge au travail mais au contraire se trouve désœuvrée, s’ennuie, elle « tue le temps ».

Cela se traduit par l’impression « d’avoir fait le tour », de voir sans cesse les mêmes visages, de refaire les mêmes tâches, de ne plus rien découvrir de nouveau.

Au niveau du comportement, le·la travailleur·euse peut par exemple passer beaucoup de temps en réunion (« réunionite ») ou à discuter avec les collègues ; ou vouloir contrôler autrui, consommer de manière compulsive de la nourriture, être sujette à des addictions (alcool, tabac, médicaments. Elle est démotivée et n’a plus de défis professionnels. Les causes peuvent en être diverses : style de management, crise de l’activité de l’institution, décomposition de l’organisation du travail, etc.

Les causes du burn-out sont multiples et différentes selon les professions. Cependant, au niveau de l’organisation, il est possible de les classer en sept catégories :

  • la surcharge de travail, aussi bien qualitative que quantitative : la personne éprouve des difficultés à faire face aux exigences ;
  • les conflits de rôles, comme un profil de fonction mal défini, une confrontation à des demandes contradictoires ;
  • le manque de contrôle (ex. : ne pas pouvoir fixer ses priorités ou prendre des décisions) ;
  • des récompenses ou reconnaissances insuffisantes ;
  • l’absence de soutien social, comme celui de la hiérarchie ou des collègues ;
  • l’absence d’équité, le manque de réciprocité ;
  • les conflits de valeurs (entre celles de la personne et celles de l’organisation).

Il existe également des causes individuelles, des caractéristiques liées à la personne elle-même :

  • face à des situations stressantes, adoption de stratégies d’adaptation passives ou qui relèvent de l’évitement, plutôt que d’être combatives ou actives ;
  • attentes importantes envers le travail, concernant aussi bien la nature de celui-ci que le désir de performance ;
  • faible estime de soi.

On distingue trois catégories de manifestations dues au burn-out : physiques, cognitives et affectives, comportementales.

Manifestations physiques Manifestations cognitives et affectives Manifestations comportementales
Asthénie (fatigue physique) Diminution du sentiment de contrôle Changement d’attitude envers autrui (cynisme, indifférence, distanciation, détachement)
Troubles du sommeil Diminution de la compétence Tendance à s’isoler
Diminution de l’énergie

Diminution de la motivation

Diminution des performances
Plaintes neurovégétatives (ex. : palpitations, plaintes gastro-intestinales, oppression thoracique) Frustration Absentéisme dans l’année écoulée : fréquent ; de courte, ou longue (un mois ou plus) durée
  Anxiété  
  Irritabilité  
  Diminution de l'estime de soi  
  Diminution de l'idéalisme  
  Diminution de la concentration  
  Diminution de la mémoire  
  Humeur dépressive  
  Dualité: quitter le travail ou rester?  

Souvent, le burn-out est confondu avec d’autres souffrances.

Le tableau ci-dessous reprend les différences entre burn-out, stress, dépression, fatigue chronique et addiction au travail.

Souffrance Définition Points communs avec le burn-out Spécificités du burn-out
Stress
  • Conséquence directe d’éléments professionnels provoquant du stress
  • Le sens du travail n’est pas central
  • Est passager ou chronique
  • Peut toucher tout type de travailleur·euse
  • N’est pas forcément accompagné d’attitudes négatives envers autrui
  • Le support social et les stratégies d’adaptation peuvent être médiateurs entre stress et burn-out
  • Le burn-out est la conséquence d’une exposition à un stress persistant de longue durée
  • Touche avant tout les personnes qui accordent beaucoup d’importance à leur travail
  • Rôle important du sens du travail dans l’apparition du syndrome
  • Attitudes et comportements négatifs envers les collègues, clients, patients
  • Touche avant tout les personnes qui accordent beaucoup d’importance à leur travail
Dépression
  • Épuisement émotionnel et humeur perturbée (tristesse, anxiété)
  • Étendue à tous les aspects de la vie
  • Caractérisée par une perte du goût des choses et de la vie
  • Plus faible estime de soi, défaitisme, moins grande vitalité
  • Des antécédents de dépression peuvent faciliter le burn-out
  • Épuisement émotionnel et humeur perturbée


  • Lié spécifiquement au travail
  • Conservation du goût des choses dans les aspects de la vie autres que le travail
  • Estime de soi et réalisme plus grands, vitalité plus forte que pour la dépression
  • Le burn-out peut s’aggraver en période de dépression
Fatigue chronique
  • Fatigue générale
  • Apparaît à la suite d’une tension psychique ou d’un stress de longue durée
  • Apparaît à la suite d’une tension psychique ou un stress de longue durée
  • La fatigue émotionnelle est associée à deux autres composantes : dépersonnalisation et perte d’accomplissement
  • Lié au travail
Workaholisme (addiction au travail)
  • Les « workaholiques » passent énormément de temps au travail, se montrent réticents à se distancier ou à se désengager par rapport à lui. Ils fournissent un travail qui va au‐delà de ce qui est attendu de leur part, au point que leur vie privée s’en trouve affectée
  • Importance du travail et du sens donné au travail pour la personne ; peut conduire au burn-out car l’implication excessive dans le travail peut épuiser les ressources
  • Peut être un facteur de risque du burn-out
  • Le burn-out touche les personnes qui ont de fortes attentes envers leur travail
  • Importance du travail et du sens donné au travail pour la personne
  • L’épuisement propre au burn-out est incompatible avec une forte implication dans le travail (workaholisme)
  • Il n’y a pas forcément de lien entre les deux phénomènes

Notes & références

  1. Sous la dir. De Zawieja P. et Guarnieri F., Dictionnaire des risques psychosociaux, Seuil, 2014, p. 273-279.